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Nouveal e-santé, expert dans la conception de solutions e-santé et dans le pilotage de projets de déploiements, accompagne plusieurs acteurs publics et privés du monde de la santé dans leurs projets.

EcoScore : l’écologie et le numérique en santé main dans la main

Quelle est l’empreinte écologique d’une application de santé ? Une question incontournable à l’heure où toutes les solutions référencées sur « Mon espace santé » doivent passer par le filtre EcoScore. Deux expertes de la Délégation ministérielle au Numérique en Santé (DNS) et de l’Agence du Numérique en Santé (ANS) reviennent sur la genèse et l’essence de ce dispositif conçu pour mesurer les niveaux de consommation énergétique des applications de santé.

Le déploiement de la e-santé redessine d’année en année le paysage de la médecine. La digitalisation de l’offre de soins génère en effet plusieurs défis, relevés au quotidien par les professionnels du numérique. Parmi ces derniers : associer les usages des applications en santé au respect de l’environnement.

 

Dans cette optique, le projet EcoScore est né. Le principe : mettre entre les mains des éditeurs de logiciels une solution capable d’évaluer l’empreinte écologique de leurs applications en santé. Les maîtres mots : sensibiliser, mesurer, améliorer.

« En menant le projet EcoScore, nous avons voulu inscrire le virage numérique dans une démarche éthique », déclarent d’une même voix Nathalie Baudinière, responsable de projets à l’Agence du Numérique en Santé (ANS) et Brigitte Séroussi, directrice de projets à la Délégation ministérielle au Numérique en Santé (DNS) en charge de la cellule Ethique du numérique en santé, au Ministère des solidarités et de la santé[1]. Cette notion d’éthique est d’ailleurs intégrée dans la feuille de route « Accélérer le virage du numérique en santé », aux côtés de la sécurité et de l’interopérabilité[2].

« Les travaux pour le projet EcoScore ont commencé en 2020 et se sont poursuivis sur 2021,

alors que la mobilisation nationale sur la problématique écologique prenait de plus en plus d’ampleur »,

Brigitte Séroussi, directrice de projets à la Délégation ministérielle au Numérique en Santé (DNS)

Une mesure incontournable pour les éditeurs de logiciel en santé

Cette évaluation de l’empreinte environnementale des applications de santé figure parmi les critères obligatoires du dossier de candidature au référencement dans le catalogue de services de « Mon Espace Santé ». Pour rappel, « Mon Espace Santé », est progressivement déployé depuis le 31 janvier 2022 et généralisé au mois de mai 2022. Ce carnet de santé numérique se base sur différentes fonctionnalités[3] articulant les données personnalisées[4] et le parcours de soin individuel.

La priorité : mesurer

« Les travaux ont commencé en 2020 et se sont poursuivis sur 2021, alors que la mobilisation nationale sur la problématique écologique prenait de plus en plus d’ampleur », décrit Brigitte Séroussi. « Tous les sujets liés à l’impact environnemental du numérique étaient en effet très confidentiels il y a encore deux ou trois ans. »

 

Première étape, établir la composition du groupe de travail « Sobriété numérique et développement durable » et lancer les travaux sur le sujet par l’équipe de Nathalie Baudinière et de Brigitte Séroussi. Fruit de ce travail : la publication du rapport de sensibilisation « L’impact environnemental du numérique en santé » en mai 2021.

 

En corroborant la logique du Ministère de la transition écologique, la priorité au cœur du projet EcoScore a été celle de la mesure, en développant deux outils différents :

  • Un EcoScore de l’impact environnemental d’une application de santé ;
  • Un EcoScore de l’impact environnemental d’un système d’information hospitalier.

Le rapport de sensibilisation « L’impact environnemental du numérique en santé » et cette démarche d’évaluation ont été « précurseurs d’une mise en mouvement », atteste Brigitte Séroussi. La Direction générale de l’offre des soins (DGOS) s’est en effet emparée de ce support et de cette dynamique « pour établir des fiches guidant le virage écologique dans les établissements de santé, spécifiques aux logiques d’achat et d’utilisation » (cf. le programme PHARE[5]). Dans le secteur hospitalier particulièrement, un autre objectif est de « répondre aux critères de certification des établissements de santé ».

Une centaine d’applications attendues pour l’été

En 2022, le lancement de l’EcoScore des applications de santé s’est déroulé en 3 temps :

    1. Une phase d’accompagnement des éditeurs pilotes de 3 semaines, initiée début mars ;
    2. Une phase destinée aux bêta-testeurs, intégrés début avril ;
    3. La phase de mise en ligne du service EcoScore à destination de tous les éditeurs à compter de la fin avril.

Une centaine d’applications sont attendues pour l’été sur « Mon espace santé ». D’ici là, les éditeurs vont avoir recours aux services EcoScore. « Nous allons ainsi observer l’acceptation de la solution et sa prise en mains. Après cette phase d’observation, nous généraliserons l’EcoScore à tous les éditeurs candidats au référencement de leur espace application dans Mon Espace Santé », souligne Nathalie Baudinière.

L’EcoScore à la loupe

Pour s’assurer de la fiabilité maximale de l’EcoScore, les équipes de Nathalie Baudinière et Brigitte Seroussi se sont appuyées sur le dispositif AppScan mise au point par Greenspector qui permet d’évaluer de façon fiable l’impact environnemental d’une application de santé. En effet, « Greenspector se base sur la mesure tout au long du parcours de l’usage réel de l’application, plus que sur le simple calcul de l’impact environnemental du chargement de la page d’accueil », appuie Brigitte Séroussi.

 

Les éditeurs ont pu « tester la simulation de l’application, puis nous avons basé la modélisation sur des méthodes reconnues du cycle de vie (consommation d’énergie, du serveur, de la batterie…) », souligne Nathalie Baudinière. L’équipe a ensuite déduit les indicateurs couramment utilisés dans la mesure des impacts environnementaux : « l’émission de gaz à effet de serre (GES), la quantité de terre et d’eau nécessaire à la fabrication et l’utilisation de l’application. ».

« Nous sommes partis du modèle Greenspector déjà développé et éprouvé, et nous avons

procédé à un ajustement des consignes d’utilisation à la santé », Nathalie Baudinière,

responsable de projets à l’Agence du Numérique en Santé (ANS)

Calcul de l’EcoScore : viser la totale autonomie des éditeurs

« Comme nous nous inscrivons dans une démarche de sensibilisation des éditeurs, nous n’avons défini aucune valeur seuil en termes d’empreinte numérique », atteste Brigitte Séroussi.

 

Cette démarche de sensibilisation se veut globale : « l’idée est d’amener tous les éditeurs à adopter ces démarches environnementales même pour les applications de santé qui ne seraient pas encore candidates à figurer dans le catalogue de services de ‘Mon espace santé’ », souligne Nathalie Baudinière.

« Mon espace santé est aujourd’hui la seule plateforme sur laquelle

le respect éthique environnemental doit être validé par les éditeurs »

Point novateur : la maîtrise de la mesure de l’impact environnemental par les éditeurs eux-mêmes. « Nous avons ouvert la possibilité aux éditeurs de calculer eux-mêmes le calcul de leur EcoScore. » Ce qui n’était pas le cas jusqu’ici avec Greenspector dans les autres domaines que la santé. L’ANS a donc financé le développement d’un portail permettant aux éditeurs de déclarer une application, de décrire un parcours utilisateur au sein de cette application et d’obtenir son EcoScore. Un point indispensable pour assurer l’autonomie des éditeurs et répondre aux besoins spécifiques de chaque application.

 

L’EcoScore va permettre aux éditeurs d’obtenir leur impact environnemental : efficace également pour repérer les étapes du parcours de l’application qui sont les plus énergivores ou impactantes. Ces informations pourront ensuite déclencher des décisions pour réduire l’empreinte écologique de l’application.

 

Un profil technique au sein de l’équipe est à privilégier pour une utilisation efficiente du service EcoScore. Le dispositif est pensé « pour un développeur ou une personne en charge de l’automatisation des tests ».

 

Fonctionnalité à venir : la publication d’un classement des applications en fonction de leur impact environnemental. « Nous avons également décidé d’afficher le classement des applications qui ont calculé leur EcoScore. L’idée est de situer une application dans la liste des applications », conclut Nathalie Baudinière.

Pour aller plus loin :

[1] Nathalie Baudinière et Brigitte Séroussi sont co-pilotes du groupe de travail « Développement durable et sobriété numérique » de la Cellule éthique du numérique en santé et co-rédactrices de rapport de sensibilisation à « l’impact environnemental du numérique en santé »

[2] La publication de la feuille de route « Accélérer le virage du numérique en santé » s’inscrit dans le cadre de la stratégie Ma Santé 2022. Les 5 grands axes : « renforcer la gouvernance du numérique en santé, intensifier la sécurité et l’interopérabilité des systèmes d’information en santé, accélérer le déploiement des services numériques socles, déployer au niveau national des plateformes numériques de santé, soutenir l’innovation et favoriser l’engagement des acteurs »

[3] Dossier médical partagé, agenda synchronisé, catalogues de services reconnus par le Ministère des Solidarités et de la Santé, messagerie sécurisée

[4] ordonnances, résultats de biologie, dossier d’hospitalisation

[5] https://solidarites-sante.gouv.fr/professionnels/gerer-un-etablissement-de-sante-medico-social/performance-des-etablissements-de-sante/phare-11061/

L.Bourgault – Aurala Communication

Sources